Un 28 avril pas comme les autres
Chaque 28 avril, la communauté internationale célèbre la Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail, instaurée par l’Organisation Internationale du Travail (OIT). Son objectif ? Sensibiliser sur l’importance de créer des environnements professionnels sûrs et sains, pour prévenir les accidents, les maladies professionnelles, et sauver des vies.
Mais cette année, ce 28 avril 2025 restera dans les mémoires pour une autre raison. Vers 12h30, une panne électrique massive frappe toute l’Espagne et le Portugal. En quelques minutes, des millions de foyers, d’entreprises et d’infrastructures publiques se retrouvent sans électricité. Transports paralysés, hôpitaux sous tension, communications coupées…
Un chaos soudain qui illustre de façon brutale à quel point la sécurité au travail est fragile face aux imprévus.
Coupure électrique : quels dangers immédiats pour les travailleurs ?
Une panne de courant n’est pas seulement un inconfort ou une perte économique : c’est un risque réel pour la sécurité.
Voici les risques principaux observés lors de la coupure du 28 avril :
- Évacuations difficiles : dans les métros, les trains, les ascenseurs bloqués, l’absence d’éclairage a compliqué l’évacuation, augmentant les risques de chute, de blessures ou de panique.
- Arrêt des systèmes de sécurité : caméras de surveillance, alarmes incendie électroniques, contrôles d’accès automatisés… tous sont devenus inopérants.
- Stress et perte de repères : dans l’obscurité, sans information claire, les salariés ont été exposés à l’anxiété, à des réactions imprévisibles et à des comportements dangereux.
- Risque accru d’incendie : dans certains sites industriels, l’arrêt brutal machines ou de systèmes de refroidissement a augmenté le risque de départ de feu.
- Accès aux soins retardé : dans les hôpitaux et établissements de santé, malgré les générateurs, les coupures ont retardé certains soins critiques.
La technologie, un atout… mais aussi une fragilité
Le thème de la Journée mondiale de 2025 est justement :
« Révolutionner la santé et la sécurité : le rôle de l’IA et de la numérisation au travail ».
Aujourd’hui, nos outils de travail sont de plus en plus connectés :
- Détecteurs automatiques d’incendie
- Systèmes d’évacuation intelligents
- Plateformes de communication de crise
- Surveillance en temps réel par drones ou capteurs
Mais que vaut toute cette technologie sans électricité ?
La panne du 28 avril a mis en lumière une réalité gênante :
Notre dépendance à la technologie peut devenir notre faiblesse si elle n’est pas pensée pour résister aux pannes.
Exemples concrets :
- Un bâtiment intelligent sans alimentation devient aveugle et sourd.
- Un ascenseur automatique devient un piège.
- Une porte de sécurité électronique devient un obstacle.
Leçon :
Il est impératif que les technologies de sécurité soient doublées de moyens de secours traditionnels (éclairage manuel, portes mécaniques, plans
d’évacuation papier…).
Comment les entreprises doivent se préparer : leçons concrètes
Un bon plan de prévention doit prévoir des scénarios extrêmes. Voici les mesures que toute organisation devrait prendre :
a) Mettre en place un Plan de Continuité d’Activité (PCA)
Un PCA doit répondre à ces questions :
- Comment continuer à protéger les salariés si tout s’arrête (électricité, internet, téléphonie) ?
- Comment informer les salariés sans système électronique ?
- Quels services doivent redémarrer en priorité ?
b) Former tous les employés
Chaque travailleur doit :
- Savoir comment réagir sans attendre des instructions.
- Connaître les issues de secours, les procédures de rassemblement, et les comportements sécuritaires.
- Participer régulièrement à des exercices d’évacuation simulant des coupures totales.
c) Prévoir des moyens de secours physiques
- Éclairages de secours autonomes dans les couloirs et escaliers.
- Générateurs d’appoint pour alimenter les équipements critiques.
- Radios portatives fonctionnant sur piles pour assurer la communication interne.
- Plans papier d’évacuation affichés visiblement.
d) Nommer des “référents sécurité”
Chaque zone de travail doit avoir un ou plusieurs responsables formés, capables de :
- Prendre des décisions rapides en cas de crise.
- Guider les salariés vers la sortie.
- Assurer la communication avec les secours.
Une opportunité pour construire une vraie culture de la prévention
Trop souvent, la prévention des risques au travail est perçue comme une contrainte réglementaire.
Mais face à des événements comme celui du 28 avril, elle apparaît pour ce qu’elle est vraiment :
Un investissement vital pour protéger les vies humaines.
Construire une culture de la prévention, c’est :
- Impliquer la direction ET les salariés dans les réflexions sur la sécurité.
- Ne jamais se reposer sur les acquis : toujours prévoir l’imprévisible.
- Tester régulièrement les dispositifs d’urgence.
- Adopter une attitude proactive, pas seulement réactive.
La prévention doit être vivante, évolutive, et intégrée à tous les niveaux de l’organisation.
Conclusion : Prévenir aujourd’hui pour survivre demain
La coupure d’électricité du 28 avril 2025 en Espagne et au Portugal restera un exemple frappant.
Elle nous rappelle que la sécurité au travail n’est jamais acquise.
Un environnement sûr n’est pas seulement une question de normes respectées ou de beaux équipements, C’est la capacité de l’organisation à résister aux chocs et à protéger ses salariés même en situation extrême.
Pour construire cette capacité, il faut :
- Investir dans la formation,
- Renforcer la résilience technique,
- Impliquer chaque collaborateur dans la démarche de prévention.
Parce qu’en matière de sécurité au travail, la meilleure réponse à l’imprévu, c’est d’avoir déjà prévu.